DIAGNOSTIC
Les métatarsalgies sont des douleurs de l’avant pied, douleurs situées au niveau des métatarsiens.
Elles sont dues à une mauvaise répartition des appuis au niveau des têtes métatarsiennes.
On peut classer les métatarsalgies selon la localisation (métatarsalgies du premier métatarsien, médianes ou externes), selon les symptômes (mécaniques ou neurologiques), selon l’étiologie (dysharmonie de la palette métatarsienne avec un métatarsien plus long, luxation, fracture de fatigue, ostéonécrose dans la maladie de Friedberg), selon la fonctionnalité (avec ou sans instabilité de l’articulation métatarso-phalangienne), selon la présence ou l’absence de griffe d’orteil associée.
Dans cet article, intéressons-nous plus particulièrement au traitement des métatarsalgies médianes d’origine mécanique, c’est-à-dire augmentant à l’effort.
Les douleurs sous la deuxième tête métatarsienne sont fréquentes, on trouve notamment le syndrome algique du deuxième métatarsien (décrit par Denis en 1979).
Ce syndrome fait suite à une instabilité de l’articulation métatarso-phalangienne liée à un déséquilibre au niveau des muscles fléchisseurs et extenseurs des orteils entraînant un étirement puis une rupture de la plaque plantaire.
La pathologie évolue en trois stades : l’instabilité simple, la subluxation (et luxation non fixée) et la luxation fixée.
TRAITEMENT PAR LES SEMELLES : ARC (APPUI RETRO-CAPITAL) OU DECHARGE LOCALISEE ?
Il est courant de trouver dans la littérature que les métatarsalgies médianes peuvent être soulagées par un élément rétro-capital (en arrière des têtes douloureuses) tel qu’un « ARC » (Appui Rétro-Capital) encore dénommé « pelotte ». En redonnant de l’appui en arrière de la zone douloureuse, la pression sous la tête métatarsienne est diminuée, de surcroît les douleurs.
Il s’agit d’un élément employé couramment en podologie-orthopédie qui a son intérêt puisqu’il va aussi participer à lutter contre l’affaissement de l’arche transverse, ainsi qu’à l’élongation des orteils.
Les propriétés de cet élément ont néanmoins leurs limites.
Ces images représentent l’évolution de la déformation du deuxième rayon (deuxième métatarsien et ses trois phalanges). Pour des raisons de simplification, le premier rayon a volontairement été ôté (de même que les muscles lombricaux et interosseux). Sur chacune des images apparaissent deux flèches et un point rouge : la flèche supérieure correspond à l’extenseur des orteils, la flèche inférieure au fléchisseur des orteils et le point rouge au centre articulaire de l’articulation métatarso-phalangienne.
Ces images montrent que lorsque la griffe d’orteil commence à s’installer, le trajet des fléchisseurs plantaires va se modifier et finir par passer au-dessus du centre articulaire. Il en résulte que la totalité des muscles (les extenseurs et tous ceux qui luttaient à l’origine contre la griffe d’orteil avec les fléchisseurs, les lombricaux et les interosseux), se mettent à participer à la griffe d’orteil.
Lorsque le fléchisseur des orteils et l’extenseur des orteils passent au-dessus du centre articulaire, l’ARC (Appui Rétro-Capital) n’est alors plus efficace sur la griffe d’orteil. Ceci est d’autant plus vrai lorsque la griffe est fixée.
L’autre propriété de l’ARC consiste à surélever la palette métatarsienne.
Selon la morphologie initiale de l’avant-pied (convexe, concave, plat), selon les contraintes mécaniques et les tensions musculaires, selon le degré de réductibilité de l’articulation métatarso-phalangienne, il n’est pas rare de constater lors de la remise de semelles que l’ARC convient très bien à certains patients et beaucoup moins à d’autres, ces derniers allant jusqu’à décrire l’élément comme gênant. L’ARC n’est donc pas supporté de la même façon selon les patients.
Si la décharge de la tête métatarsienne n’est pas envisageable avec l’ARC, il est possible de réaliser une décharge spécifique localisée sous la zone douloureuse. Il est alors procédé à un évidement comblé avec un matériau amortissant pour absorber l’excès de pression. La zone douloureuse est ainsi déchargée.
Diverses études ont montré que ces deux éléments (l’ARC ou la décharge localisée) peuvent être utilisés pour soulager les douleurs de l’avant-pied.
Mais le plus intéressant, c’est de constater que le soulagement des douleurs est surtout amélioré avec la prise en charge du trouble statique associé. La correction d’un pied valgus ou varus, associée à la mise en place d’un élément qui va décharger l’avant-pied, va nettement diminuer, voire faire disparaître les douleurs de l’avant-pied.
Christophe Lecourt
Podologue chez CAP-PODOTHERAPIE (Lancy et Onex GMO)